jeudi 30 novembre 2017

Projet, ou marketing politique ?

A l'approche des présidentielles de 2017, les candidats vendent de plus en plus leurs projets mais, de plus en plus en marche, la technique du marketing semble porter ses fruits et même prendre racines dans le paysage politique, remettant en question la compatibilité d'un projet avec celle-ci . Cet article a été réalisé à partir d'une vidéo mise en ligne par la chaîne Datagueule, produite par France 4.

Le 4 février 1952, Dwight David Eisenower est élu président des Etats-Unis après une élection révolutionnaire, en faisant appel à l'agence publicitaire BBDO, auteur notamment du slogan "I like Ike". Dès lors nait le marketing politique, qui se manifestera en France 13 ans après pour les élections présidentielles de 1965, ou Jean le Canuet réussit à obtenir plus de 15% des suffrages, grâce notamment au publicitaire Michel Bongrand. 
Mais le marketing politique se base aussi aujourd'hui sur l'identification de l'électorat à convaincre, cela grâce aux Data Brokers. En achetant des bases de données au près de l'Insee, France Telecom... Celles-ci les compilent et les revendent. Par exemple, "mosaïque" le produit phare du premier mondial Experian, liste plus d'un milliard de personnes dans le monde, dont 95% de la population française, représentant 26 millions de ménages. 
Grâce à ces bases de données les équipes de Nicolas Sarkozy, pour la campagne de 2007, ont pu envoyer plus de trois cents-milles e-mails, à des électeurs potentiels. Le taux d'ouverture étant de 50%, par rapport aux 30% habituels, l'opération est plutôt réussie. Aux Etats-Unis encore plus fou, pour les élections présidentielles de 2008, les équipes de Barack Obama ont dépensé plus de 30 millions d'euros, en achat de données pour consolider "catalist", une base de données listant plus de 220 millions de citoyens américaines, et pouvant contenir jusqu'à 600 informations personnelles, permettant au futur président de préparer des argumentaires préformatés, en établissant différent profils. 
Toutes ces informations sont exploitables grâce à la foule de données que nous laissons à travers les réseaux sociaux, les achats par internet, les sondages, cartes d'achats... Et d’ailleurs en 2016 pour gagner la confiance de ses électeurs potentiels, les équipes de Nicolas Sarkozy lancent l'application "Knockin" permettant à chaque militant, de prendre en photos la personne à convaincre  et permettant surtout, à ses équipes d'aller chercher des informations sur celle-ci, à travers les réseaux sociaux. Des programmes tels que nation Builders utilisés par, Mrs Mélenchon, Fillon, Sarkozy ou encore Donald Trump.
Ainsi que "50+1" utilisé par Anne Hidalgo et Emmanuel Macron, proposent de rationaliser les campagnes électorales. Cela pourrait être une bonne idée seulement tout le monde n'est pas du même avis. Selon la philosophe belge Antoinette Rouvroy, cela irait à l'encontre de l'idée même d'un projet, et serait fait pour optimiser les campagnes politiques, ne favorisant en aucun cas la rencontre des idées sur laquelle est fondée la politique. C'est une réponse sur le mode du marketing, car on répondrait à une demande sans l'évaluer et de manière individualiste. Tout cela alors que la politique est censée se construire sur la rencontre de diverses opinions. Donc c'est à nous de choisir : une réponse sur le mode du marketing ou un projet en fonction des convictions.

R.
  

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